Il y a des hommes dont le passage sur terre est en effet un bénéfice pour l’Islam et pour l’humanité, car ils ont été d’un apport inestimable à l’endroit de cette religion et des hommes par leur engagement, leur sagesse, leur conduite irréprochable et exemplaire et leur attachement au bien. Et parmi ces hommes, Serigne Modou Mamoune Mbacke.
De son vrai nom Serigne Modou Cheikh Mbacke (Modou fils de Cheikh Anta) il est appelé affectueusement Serigne Modou Mamoune. Il a vu le jour à Touba en 1889, soit une année après la fondation de la cité sacrée. Il est un des premiers Mbacké Mbacké avec Serigne Bara et Sokhna Marieme Kounta à avoir la chance d’avoir comme lieu de naissance Touba.
Fils aîné de Mame Cheikh Anta et de Soxna Boury Mbacke, celle-ci est la fille de Sokhna Faty Balla Soukhra, flle de Mame Balla Aïcha.
Il a entamé l’étude du coran auprès de Serigne Dame Abdou Rahmane Lo pour les achever plus tard chez Serigne Affia Mbacke, frère cadet de Mame Cheikh Anta, où il a maîtrisé parfaitement le Coran et appris les sciences religieuses.
Attaché au Cheikh dès la fleur de l’âge, Serigne Modou Mamoune est un pur produit de l’école et de la philosophie du fondateur de la Mouridiya .Il fait partie des rares personnes qui ont rejoint Cheikh Ahmadou Bamba en Mauritanie où ce dernier était en exile de 1903 à 1907.C’est ici qu’il a été formé et éduqué ainsi que plusieurs autres disciples par le cheikh. Tarbiyah (éducation spirituelle) et Tarqiyah.(élevation spirituelle).
Soumis à l’instar de tous les grands disciples, Serigne Modou Mamoune vouait au Cheikh une obéissance totale. Son détachement pour les biens de ce monde et son attachement viscéral à l’adoration de Dieu faisaient que Cheikh Ahmadou Bamba voulait toujours l’avoir près de lui. Il était son confident et proche compagnon partout jusqu’aux périodes de retraite spirituelle.
Son sens élevé du secret et de la sainteté lui a valu le surnom de « dépourvu de péché, ñakk bakaar en wolof ».Cette révélation émane du cheikh lui même.En effet, un jour, le cheikh a sorti tout le service nécessaire pour préparer le thé.Mais, à la grande surprise de l’assemblé e, il fait savoir que le thé doit être préparé par un disciple exempt de péchés. Pendant un long moment, personne ne s’est proposé. C’est alors que le Cheikh fait « Il est où Modou Mamoune, il est où Modou mamoune » trois fois avant de rajouter « Modou Mamoune n’a pas de péchés, amul bakaar en wolof ».
Durant toute son existence en Mauritanie, il était un des plus jeunes assistants du Cheikh qui lui a confié des responsabilités comme la gestion des matériels précieux ainsi que la nourriture emmagasinée, du fait de sa fidélité et de son intégrité. C’est d’ailleurs cette responsabilité en terre mauritanienne qui lui a valu le surnom de Mamoune, le digne de confiance.
Son khalifa est à cheval sur la période charnière de l’après guerre jusqu’aux premières années de l’Indépendance. L’homme, ayant hérité du patrimoine le plus consolidé a fini par personnifier Darou-salam aux yeux d’une nouvelle génération de mourides.
Il était d’une générosité légendaire, son khilafat a donné à Darou Salam un visage d’hospitalité exceptionnelle, car étant pris d’assaut quotidiennement par les personnes démunies en provenance de partout.Elles étaient accueillies au centre de Darou Salam où Serigne Modou mamoune avait érigé une grande tente. Ce qui lui a voulu son troisième surnom « Boroom Baas, le maître de la tente ».
Son patriotisme lui a permis d’avoir une haute considération de la classe politique.Le Président Senghor lui rendait visite régulièrement.Le jeune étudiant Abdoulaye Wade Président du Sénégal, passait comme il le rapporte souvent ses vacances à Darou salam auprès du cheikh qui l’a introduit d’ailleurs chez Serigne Fallou Mbacké, khalife Général des Mourides.
Ses prières et bénédictions ont fait émerger plusieurs milliardaires et autorités respectables dans ce pays.Les bénéficiaires se reconnaîtront d’ailleurs.
Ses relations avec les fils de Serigne Touba à l’image de Serigne Fallou étaient empreintes d’amitié au-delà des obligations de respect, de considération et de soumission à son autorité qu’il lui devait.
Ils s’entendaient très bien et leurs liens d’amitié ne faisaient l’objet d’aucun doute. Il était constamment à ses cotés tout en suivant strictement ses directives sans contestation aucune. Par conséquent, il était souvent consulté par le khalife,dans la prise de certaines décisions, celui-ci le considérant d’ailleurs comme un lieutenant (Diawrigne) sur qui se reposer pour l’exécution de certaines tâches et l’application de certaines directives.
Son rôle dans le dialogue des confréries du Sénégal a été à l’origine de l’accueil mémorable des représentants de toutes les confréries du Sénégal à Darou Salam en 1964 dans le cadre d’une rencontre pour un cadre unitaire des revendications et des positions des confréries religieuses du pays face à l’État.
Sa vie est marquée par des réalisations concrètes et des Hadiya record de Darou Salam. Il est le premier personnage du mouridisme à remettre à Serigne Fallou une somme de 2 millions CFA à l’époque en guise de Hadiya avec une boîte d’allumettes afin de contribuer à la construction de la grande mosquée de Touba. Cette tradition est d’ailleurs perpétuée par la famille de Darou Salam qui récolte des Hadiya annuels destinés au Khalif général des mourides.
Serigne Modou Mamoune Mbacké est rappelé à Dieu en 1969 à Darou salam à l’âge de quatre vingt ans. Son khalifat comme le nombre mystique de Touba, son lieu de naissance est couronné du chiffre 28. Il est inhumé à Darou Salam à coté de son père Mame Cheikh Anta. Il sera succédé par Serigne Tacko Mbacke.
Serigne Amidou Sidy MBACKE